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Déclaration
Femme, sitôt que ton regard
Eut transpercé mon existence,
J'ai renié vingt espérances,
J'ai brisé, d'un geste hagard,
Mes dieux, mes amitiés anciennes,
Toutes les lois, toutes les chaînes,
Et du passé fait un brouillard.
J'ai purifié de scories
Mes habitudes et mes goûts ;
J'ai précipité dans l'égout
D'étourdissantes jongleries ;
J'ai vaincu l'effroi de la mort,
Je me suis voulu libre et fort,
Beau comme un prince de féerie.
J'ai franchi les rires narquois,
Subi des faces abhorrées,
Livré mes biens à la curée
Afin de m'approcher de toi.
Devant moi hurlaient les menaces,
J'ai méprisé leurs cris voraces
Et j'ai marché, marché tout droit.
J'ai découvert, pour mon offrande,
Un monde fertile en plaisirs ;
J'ai pesé tes moindres désirs,
Je sais où vont les jeunes bandes,
Je connais théâtres et bals ;
J'ai dans les mains un carnaval,
Dans le cœur, ce que tu demandes.
Pour la rencontre, j'ai prévu
Quand je pourrais quitter l'ouvrage,
La route à suivre, un temps d'orage,
Et jusqu'au perfide impromptu.
J'ai tremblé que point ne te plaisent
Les tapis, les miroirs, les chaises.
J'ai tout préparé, j'ai tout vu.
J'ai mesuré mon art de plaire,
Mes faiblesses et ma fierté,
Les mots, l'accent à leur prêter ;
J'ai calculé d'être sincère,
Triste ou gai, confiant, rêveur.
Je me suis paré de pudeur,
De force et de grâce légère.
Et me voici, prends-moi, je viens
Frémissant, comme au sacrifice,
T'offrir, à toi l'inspiratrice,
Mon être affamé de liens,
Mon être entier qui te réclame.
Donne tes mains, donne ton âme,
Tes yeux, tes lèvres... Je suis tien...
Alphonse Beauregard (1881-1924)
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Sous le ciel
Au beau ciel d'été le jour vient de naître ;
Les petits oiseaux confondent leurs chants ;
La clarté nouvelle emplit la fenêtre
Et l'on sent l'odeur de l'herbe des champs.
Le soleil reluit sur les feuilles vertes
Qui tremblent au vent léger du matin.
Respirant l'air bleu, les fleurs sont ouvertes :
Somptueux velours et riche satin.
Épris de beauté devant la nature,
Vers le firmament je tourne les yeux ;
L'espace infini, la lumière pure
Émeuvent le cœur d'un rythme joyeux.
Et cette splendeur qui charme et console
Par l'homme n'est pas regardée en vain :
Le meilleur de lui dans l'azur s'envole
Sur les ailes d'or d'un rêve divin !
Albert Lozeau ( 1878-1924 )
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ECRIRE ici
J'attends ...
J'attends. Le vent gémit. Le soir vient. L'heure sonne.
Mon cœur impatient s'émeut. Rien ni personne.
J'attends, les yeux fermés pour ne pas voir le temps
Passer en déployant les ténèbres. J'attends.
Cédant au sommeil dont la quiétude tente,
J'ai passé cette nuit en un rêve d'attente.
Le jour est apparu baigné d'or pourpre et vif,
Comme hier, comme avant, mon cœur bat attentif.
Et je suis énervé d'attendre, sans comprendre,
Comme hier et demain, ce que je puis attendre.
J'interroge mon cœur, qui ne répond pas bien ...
Ah ! qu'il est douloureux d'attendre toujours - rien !
Albert Lozeau ( 1878-1924)
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Ce soir !
Ce soir, je me sens malheureuse
C'est qu'il a menti le beau songe
Je m'exaltais en plein mensonge
Ah ! comme j'en sors douloureuse...
Je croyais, qu'il serait ma gloire
J'espérais, c'était mon bonheur
Voici qu'à présent j'ai dans le cœur.
L'effrayante douleur de ne plus y croire...
Je pleure, et ma main tremble un peu
Demain, je serai triste encore
Je verrai sans plaisir l'aurore
Ainsi que l'infini bleu
Lorsque l'on souffre d'un bel homme
Sans espoir d'être consolée
Alors on voit, d'un œil attristé
Que le ciel sombre de son idole...
Poème remixer d'après Albert Lozeau 1878/924
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Avec toi !
Tel un phénix, il émane de toi
Une douce lueur apaise mon cœur
Chaque minute me rapproche de toi
Tes ailes déployées délivrent mille couleurs.
Me laissant éprouver un amour invincible
Je me laisse guider vers un calice de délice
J'éprouve une immense joie dès que je t'aperçois
Tu es le soleil, qui guide mes pas.
Ton regard lumineux m'éblouit
Dans tes bras, je renais à la vie!
Te laissant disposer de mon corps avec passion
Ton rythme devient le mien en cette folle action !
Telles des notes de musique s'élèvent en douceur
Ton charme et ta puissance deviennent dévastateurs
En ces moments d'extrême complicité
Par une aura d'amour, je me laisse bercer ...